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Ultra Trail du Mont-Blanc - 173km et 10 000mD+

  • Photo du rédacteur: Kevin Jan
    Kevin Jan
  • 16 sept. 2023
  • 12 min de lecture



Septembre 2023, nous y sommes, après un cheminement sur 2 ans et une qualification directe inattendue je m’apprête à prendre le départ de l’Ultra Trail du Mont-Blanc.

L’UTMB, du point de vue du compétiteur, c’est un peu la finale de la Coupe du Monde de l’Ultra-Trail. L’un des rares sports où Jean Michel, 60 ans, peut jouer le titre aux côtés des meilleurs mondiaux de la discipline. Et sur un malentendu ça peut passer…!

Du point de vue de l’amoureux de la belle trace, la course propose un tour complet du massif du toit de l’Europe en partant de Chamonix, passant par l’Italie puis la Suisse pour revenir dans les ruelles de Chamonix. Soit une boucle de 173km et 10 000m de dénivelé positif et négatif.


La Préparation


Côté compétition, durant les 4 dernières années j’ai pris plaisir à emmagasiner de l'expérience sur les efforts entre 10h et 15h que je commence à maîtriser. Sur les 12 derniers mois, j’ai participé à 2 courses entre 20h et 25h. Cela m’a permis d’aller un peu plus loin dans la compréhension et la gestion d’un effort long et soutenu.


Côté entraînement, à l’approche de cet UTMB, j’ai réalisé en 2023, 3000 km en courant et surtout 100 000mD+, quasiment exclusivement autour de Nantes.


Voici les moments forts de cette année 2023 en vue de mon UTMB :

  • Janvier : Le trail Hivernal du Sancy en famille, l’occasion d’aller goûter à la montagne une première fois dans l’année.

  • Février : Le Dernier Homme Debout avec tous les moins intelligents du département.

  • Mars : Le 10km de St-Sébastien en 32’58”, avec des gens un peu plus intelligents !

  • Avril : Le Marathon de Nantes avec Julien pour déposer le Padre sur la ligne d’arrivée en 3h30 !

  • Mai : Le stage dans les Pyrénées avec CAP Endurance pour quelques heures passées en montagne.

  • Juin : Le week-end à l’UTPMA dans le Cantal avec la famille et les Furieux du 44.

  • Juillet : Le tour de Belle-île en randonnée en amoureux et en 5 jours.

  • Août : La reco de l’UTMB en 4 jours avec mon Flo !


L’année a été riche en bons moments de partage et j’ai le sentiment que la réussite de mon UTMB ne serait que la cerise sur le gâteau !


L’avant Course


Pour cette épreuve mythique j’aurais encore et toujours une assistance de luxe composée de mon père qui commence à avoir l’habitude de gérer tout ça (ou pas !) et de ma mère qui remplace mon frère, disqualifié après avoir mangé une partie de mes Dragibus sur la dernière épreuve…!


Nous sommes tous les 3 à Chamonix, mes parents auront pour mission de se rendre sur les bases vie à l’aide du réseau de car mis en place spécialement par l’UTMB. Je crois que je suis le moins stressé des 3 !


Le départ de la course est prévu le vendredi soir à 18h. Après une tentative de sieste je me rends sur la ligne de départ 2h avant le début de la course pour avoir une place de choix et pouvoir profiter un maximum.


La Course


KM0 au KM21

17h55, Après 2h d’attente au soleil c’est l’heure, la musique du Grec Vangelis démarre, les poils se dressent sur les bras et le départ est donné. Etant plutôt bien placé sur la ligne les premiers mètres sont plutôt rapides, l’energie sur le bord de la route est folle. Ayant regardé les 6 derniers départs de l’UTMB derrière mon écran je savais à quoi m’attendre mais c’est quand même quelque chose de le vivre en vrai. Les premiers kilomètres défilent et la foule de spectateurs ne diminue pas, le deuxième kilomètre bip en 4’05” j’essaye de me calmer un peu tandis que beaucoup de coureurs me doublent. Ça n'a que très peu d’importance quand on sait que quasiment la moitié d’entre eux ne verront pas l’arrivée. Je décide de me concentrer d’entrée sur ma course, mon allure, ma nutrition et mon hydratation sans me préoccuper des autres.

Les 8 premiers kilomètres sont très roulants et la foulée est légère, il fait chaud et l’ambiance est toujours au rendez-vous à l’entrée des Houches. Nous entamons la première ascension parmi la dizaine prévue au menu. J’adopte une marche bâtons à un rythme modéré, et je surveille mon cardio pour ne pas griller de cartouche trop tôt. Je me rends compte qu’à défaut d’être avec les meilleurs hommes de la discipline, je rattrape quelques féminines au visage familier telles que Claire Bannwarth qui en est à son 17ème Ultra de l’année ou Lucy Bartholomew, coureuse Australienne et athlète Salomon.

Après 1h35 de course nous atteignons le sommet de la première bosse avec le Col de Voza et basculons dans la descente vers Saint-Gervais. Plus nous descendons et plus les bruits de la foule se font retentir. J’ai l’impression qu’il y a un stade de foot plein dans la vallée !

Nous entrons dans le centre et l’ambiance est impressionnante, la météo est bonne, les rues sont bondées de monde et je profite du premier ravitaillement pour refaire le plein d’une flasque puis repart. J’aperçois mes parents sur le bord de la route. Prochain rendez-vous à la première base vie au KM 31.

KM 21 au KM 31

A la sortie de Saint-Gervais nous rentrons dans un sous-bois, la lumière commence à décliner et le moment de sortir la frontale est venu. Nous attaquons la légère montée jusqu’aux Contamines, je suis bien, j’arrive à m’alimenter et à boire correctement. J’arrive à cette 1ère base vie en 3h23, 7 minutes d’avance sur les prévisions qui sont censées m’emmener à l’arrivée en 27h ! J’entre dans le ravitaillement et le traverse 3 fois sans trouver mes parents, j’essaye de les appeler mais ça ne répond pas. C’est un peu la panique mais je me fais à l’idée de partir pour la nuit sans les produits que j’avais prévu. Je fais le plein de compotes Naak et je repars. Dans le feu de l’action j’oublie mes bâtons et me force à un demi-tour et à 500m supplémentaire… J’avais 7 minutes d’avance, j’en ai à présent 4 de retard…!




KM 31 au KM 51

Je repars en direction de la portion suivante, au programme, la vraie entrée en milieu de montagne avec l'ascension du Col du Bonhomme à 2500m d'altitude.

A la sortie du ravitaillement, mon père m’appelle pour m’expliquer que c’est la panique avec les cars. Ils ont dû faire du stop dans le but d’aller à ma rencontre au KM 34 avant que j’entre dans la partie montagne. Je me retrouve très rapidement à l’approche de Notre Dame de la Gorge, endroit très réputé pour son ambiance chaque année, c’est l’occasion pour les supporters de faire un dernier aurevoir aux coureurs avec leur entrée dans la partie sauvage. Le bruit du public est de plus en plus présent au loin et l’odeur des fumigènes aussi. A 500m de cet endroit mon père me rappelle, je leur dit qu’on va se rater de quelques minutes, il a un peu de mal à l’accepter mais je n’ai pas envie de perdre quelques minutes de plus pour les attendre. L'anecdote voudra que dans un élan de confiance et se prenant pour un Sherpa, il essaiera de me rattraper sans frontale et avec le sac de ravitaillement avant d’être arrêté par la profondeur d’un fossé au fond duquel il s’étalera…! Je crois bien que les parents ont eu leur dose de stress pour la fin de l’année !! C’est officiel, je ne les reverrai que le lendemain matin un peu avant le lever du jour, c’est le début d’une longue nuit pour eux aussi.

Pour ma part, je passe la foule à Notre Dame de la Gorge. Après ce passage symbolique, le contraste est saisissant, nous entrons dans l'ascension, les cris, les chants et l’odeur de la bière laissent place au calme de la montagne. Je monte cette deuxième difficulté sans me mettre dans le rouge, je continue de me faire doubler mais peu m’importe. J’arrive au sommet du col à minuit et entame la redescente vers les Chapieux, les jambes commencent à être lourdes, il reste 22h de course, ça fait un peu mal à la tête quand j’y pense ! J’arrive aux Chapieux en 6h28, 6’ de retard sur le plan.


KM 51 au KM 82

Je profite du ravitaillement pour faire le plein mais je suis un peu chamboulé de ne pas avoir ce que j’avais prévu et je ne suis pas très efficace, je prendrais 5’ en tout sur ce ravitaillement. Au moment de partir, j'aperçois Benat Marmissolle, vainqueur du Grand Raid de la Reunion qui est assis tout seul à une table et qui tente de se refaire la cerise à l’aide d’une dégustation de gaufrettes Naak, le pauvre il n’est vraiment pas bien ! Nous repartons donc pour les 3 dernières ascensions de la 1ère moitié du parcours, le Col de la Seigne, le Col des Pyramides Calcaires et l'Arête du Mont-Favre, ensuite il sera temps de faire le point à mi-parcours.

J’attaque donc la montée du Col de la Seigne, une montée longue et très peu pentue dans l’ensemble qui permet donc, si l’on a les jambes, de courir sur de longues portions. Je repense à Flo qui, pendant la reco, n’arrêtait pas de me dire au moindre faux plat montant que “Ça se courrait !”. Je me fais donc un peu violence pour courir le plus possible en poussant sur les bâtons. La lune est quasiment pleine, si bien que nous avons la chance d’apercevoir le massif du Mont-Blanc en pleine nuit ! Je passe le sommet du Col en discutant avec Claire Bannwarth et nous basculons vers la partie la plus technique du parcours, dans un épais brouillard, je suis obligé de me pencher un peu en avant pour apercevoir le sol avec la lumière de la frontale ! Juste avant d’attaquer cette partie, je me rends compte que je pisse très foncé et que je n’ai plus d’eau. Je suis déshydraté et ça fait chier ! Depuis le début de la nuit j’ai aussi un peu de mal à manger car je trouve les compotes Näak horriblement dégueulasses, pourtant je ne suis pas difficile !

Le col des Pyramides Calcaires est passé, la descente dans les pierriers et dans le brouillard n’est pas de tout repos. Je trouve enfin un ruisseau pour remplir mes flasques et entame une mission réhydratation, je bois quasiment 2L en 2h. Au KM 70, avant la dernière ascension, j’entame une portion plate où je m'étais promis de relancer au moment de notre passage avec Flo un mois plus tôt. C’est chose faite ! J’attaque ensuite la dernière montée avant la redescente dans la vallée de Courmayeur et le retour à la civilisation.

Cette descente se passe plutôt bien, j’ai de bonnes jambes, et le moral est là à l’idée de débuter une nouvelle course, partagée avec les parents sur chaque ravitaillement. Les 4 derniers kilomètres de descente avant d’arriver à Courmayeur sont très raides mais j’ai des jambes et pour la première fois je sens que je vais plus vite que les coureurs autour de moi, ça fait du bien à la tête ! J’arrive donc à la mi-course, où les parents m’attendent, réhydraté, avec plutôt de bonnes jambes et un bon moral.


KM 82 à KM 114

11 minutes s’écoulent au ravitaillement, je prends le temps de mettre un tee-shirt sec et de profiter de mon assistance de luxe qui m’attends depuis quelques heures. Ce sera mon arrêt le plus long. En repartant je sais ce qui m’attend : 3 ou 4km pour 800mD+ jusqu’au Refuge Bertone. Je me mets dans ma bulle, le jour se lève. Je peux enfin consommer mes gels et mes compotes, ça facilite les choses. Ce n’est pas pour autant que ça devient une promenade de santé (Cf la vidéo de mon arrivée poussive sur le live au refuge de Bertone). J’arrive donc au Refuge après 1h15 d'ascension quand Jim Walmsley mettra 51 minutes... Sur la portion qui suit, c’est le moment de mettre les bâtons de côté pour se forcer à courir le plus possible malgré des quadriceps de plus en plus rôtis… Je relance donc un maximum jusqu’au pied du mythique Grand Col Ferret.

Arnouvaz, la barre des 100km est passée, je m’élance donc pour la montée au sommet du Grand Col Ferret, frontière entre l’Italie et la Suisse. Mon frère m’appelle alors que je pousse sur les bâtons, je n’ai pas l’envie et la force de répondre, désolé frangin ! Au moment de la bascule au sommet la vue sur le vallon Suisse est magnifique, il est presque 10h et je sais que nous partons pour 20km roulants où il va falloir se forcer à courir malgré la douleur aux cuisses.

J’arrive donc à la Fouly après 8km de descente, et ça y’est, les descentes font très mal !


KM 114 à KM 127

Le stop à la Fouly est compliqué, ça fait du bien de voir les parents mais je sais que je vais devoir me coltiner une portion roulante, donc courable, donc douloureuse. Au cours de la reconnaissance avec Flo nous avions fait cette portion de 10km en moins d’une heure. Aujourd’hui je mettrais quelques minutes de plus. Nous sommes un petit groupe de 3 ou 4 coureurs, je m’oblige à ne pas me laisser distancer. Nous mettons la casquette et la tête sous toutes les fontaines que nous croisons car nous sommes au fond de la vallée et il commence à faire chaud. La remontée jusqu’à Champex-Lac est courte mais intense, j’avale des gels et j’avance !


KM 127 à KM 143

Arrivée à Champex-Lac, mes parents sont toujours au rendez-vous, je m'assois 3 ou 4 minutes dehors avec eux. Juste le temps de faire le plein de bonnes ondes et de recharger le sac. Je repars tant bien que mal sur le trottoir qui longe le lac. Il est presque 14h et le contraste est saisissant entre les familles en maillots de bain qui bronzent au bord du lac et moi qui sent sûrement les égouts et qui court comme un centenaire.

Je m’attaque donc à la montée de la Giète, j’ai beau retourner le truc dans tous les sens, je sais qu’elle est dégueulasse et que ça va être dur. Je me retrouve avec 2 Espagnols, on parle pas mais je m’accroche à eux dans la montée et je passe devant au moment de la bascule pour leur ouvrir la descente. J’avais eu de bonnes sensations 1 mois plus tôt dans cette descente et aujourd’hui c’est pareil. Nous descendons plutôt bien pour des mecs qui ont 140km dans les pattes. La fin de la descente est tout de même très raide et c’est en serrant les dents que nous arrivons dans l’avant dernière base vie de la course.


KM 143 à KM 154

Les bases vie s’enchaînent et se ressemblent, je rentre, je m’assois, je soupire et mes parents font tout ce qu’ils peuvent pour m’aider. Je n’ai quasiment pas mangé de solide depuis le début. J’enchaîne les gels, les compotes et ça me va plutôt bien.

Je repars de Trient après à peine 5’ d’arrêt pour attaquer la montée la plus raide du parcours. Le pourcentage de la montée aux Tseppes est infâme, mon kilomètre 150 bip en 22 minutes, c’est mon plus lent de la course. Je suis toujours avec les 2 Espagnols et nous sommes, comme tout le monde je pense, collés à la pente. Au bout d’un long effort à pousser sur les cuisses et sur les bâtons nous basculons au sommet. Je passe devant pour la descente et nous reprenons 5 ou 6 coureurs qui descendent comme des zombies. L’arrivée vers Vallorcine, la dernière base vie, se fait attendre. Après une énième longue descente, nous entrons dans Vallorcine, dernière ville avant de retrouver Chamonix.


KM 154 à L’Arrivée

J’effectue un ravitaillement express sur cette dernière base vie. Je remplis mes flasques d’eau et de coca, comme depuis quelques heures et je repars sur une portion de 5 ou 6 km de faux plat montant jusqu’au col de Montets. Les cuisses sont très douloureuses mais je me surprend à relancer un peu en courant. Je ne suis plus qu’avec un Espagnol sur les 2. Nous sommes ensemble depuis plusieurs heures et à part quelques regards et soupirs, nous n’avons pas échangé grand-chose. De toute façon après 160km j’ai du mal à parler Français alors pour une conversation en Espagnol on verra demain ! Nous arrivons au Col des Montets où nous retrouvons un bénévole qui nous fait une classique en nous annonçant Chamonix à 1h30. Je mettrais 2h35 à rallier la ligne d’arrivée… Merci Monsieur, super sympa ! Nous entrons donc dans la dernière partie du parcours pour rallier la Flégère, dernier petit ravitaillement. Nous montons et descendons à travers de gros blocs rocheux, j’essaye de me consoler en profitant des lumières du coucher de soleil sur le Mont-Blanc. Mon compagnon de route Espagnol prend le large, je remet la frontale et peste contre les gens qui ont ajouté cette portion technique à la place du parcours classique. Après être bien redescendu, je remonte enfin un sentier en direction de la Flégère. La fatigue se fait sentir et je crois voir le bâtiment une bonne dizaine de fois avant qu’il apparaisse vraiment devant moi, en haut d’une piste de ski que nous devons remonter.

C’est la dernière ascension de cette aventure. Je suis en mode pilote automatique. Je pointe à la Flégère en 27h20. En temps normal ça aurait été possible de rallier Chamonix en 40’ pour passer sous les 28h mais là je manque un peu de lucidité et manque de tomber 2 fois dans le début de cette dernière descente. Je décide donc, après avoir tapé très fort un orteil dans un rocher, de descendre sans prendre le risque de débouler dans Chamonix avec une cheville, un genou ou même quelques dents en moins. Je connais bien cette descente et elle ne m’a jamais parue aussi longue. Après 50 longues minutes, j’entre enfin dans Chamonix, il est 22h et les gens qui font des choses normales sont sur les terrasses des bars à boire des bières. L’ambiance est chaleureuse et ça contraste avec les 2h que je viens de passer seul avec ma frontale dans la forêt ! A chaque établissement les gens prennent le temps de stopper leurs conversations pour se lever et mettre le feu pour chaque coureur qui arrive. J’entre enfin dans le dernier virage mythique de cet UTMB, quelques dizaines de personnes sont là et assurent une ambiance comme je ne l'aurais pas imaginé, je passe la ligne d’arrivée en 28h20, à la 112ème place. Soulagement ! Je cherche mes parents du regard et les retrouvent derrière la ligne d’arrivée. Le moment est forcément plein d’émotion, nous sommes tous les trois complètement cramés mais riches d’un souvenir de plus, partagé et gravé à jamais.


Une chose est sûre, si le tirage au sort est favorable, on se retrouvera à Chamonix en 2024, pour aller chercher un peu mieux ! Encore une bonne excuse pour passer des heures dehors avec d’autres passionnés.


 
 
 

1 ความคิดเห็น


jlverdon
16 ก.ย. 2566

excellent résumé mon grand.trop fier de toi.tu aurais pu faire mieux .t'es un peu fainéant kan meme.hi hi hi .allez c'est super ton parcours


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