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Ultra Trail du Saint Jacques - 135km et 5700mD+

  • Photo du rédacteur: Kevin Jan
    Kevin Jan
  • 24 juin 2024
  • 8 min de lecture

14 juin, 21h59, je viens de récupérer mes bâtons auprès du speaker et mon portable auprès de Julien. Bâtons et portable que j’avais égarés dans des circonstances que je n’assume pas trop encore… Conséquence de cela, je n’ai pas vraiment eu le temps de souhaiter une bonne course aux copains Julien et Benoît mais le départ de mon premier Ultra depuis l’UTMB 2023 est imminent. On nous annonce une nuit très humide avec de fortes précipitations. J’ai hâte mais aussi un peu peur. Les quelques supporters nous regardent comme des bêtes. Le décompte est lancé, les fauves sont lâchés ! 


Avant ça, un peu de contexte


Après l’UTMB et 2 années complètes à ne faire que des très longues distances tous les 3-4 mois, j’ai décidé de varier un peu et de faire un hiver un peu particulier. Un hiver consacré à la course à pied sur la route avec en ligne de mire le Marathon de Nantes en Avril. J’en ai donc profité pour développer des qualités d’endurance et de vitesse sur le plat mais aussi de puissance avec quelques cross au fond de l’hiver.


Voici les grandes lignes de ma saison hivernale

  • 3 cartouches monumentales sur différents cross de la région sous les couleurs de l'ARSUD LAC.

  • Un RP sur 10km à Saint-Nazaire en 32’00”.

  • Un RP sur le Marathon de Nantes en 2h31 (Facile c’était mon premier !).


Cela  m’aura permis de passer un nouveau cap en termes d’entraînement avec plusieurs semaines à plus de 150km. J’ai pu sentir, de Novembre à Avril, une vraie progression dans la capacité à courir vite et à enchaîner les kilomètres.


Suite au Marathon de Nantes, j’ai pu retrouver les sentiers avec envie et basculer durant 5 semaines vers une préparation plus spécifique à la longue distance en montagne. Ce fut l’occasion d’organiser le premier stage Endurance Concept dans les Pyrénées. Un week-end de 4 jours durant lequel on aura bien bornés en montagne sous un soleil magnifique.


Mais revenons à Saugues, sur la ligne de départ de l’Ultra Trail du Saint-Jacques :

135km et 5700m de dénivelé à parcourir pour revenir au pied de la cathédrale du Puy en Velay. Un trail qui a pris de l'ampleur comme toutes les organisations qui ont intégré le circuit By UTMB. Au départ : beaucoup de Français mais aussi des coureurs venus d'un peu partout en Europe. Je suis 56ème au départ selon le classement de l'index UTMB !


La Course


KM0 au KM24

Nous partons donc à 22h pour une nuit entière à courir. Il fait déjà nuit, il ne pleut pas mais ça ne va pas durer. Je laisse un peloton de tête d’une vingtaine de coureurs partir devant, je me cale sur mon rythme et je sais que la course n’est pas encore commencée. J'aime ces débuts de course de nuit. Cette impression d'entrer petit à petit dans un espace temps un peu à part durant lequel, pendant que le commun des mortels dort, on se sent un peu seul et privilégié. Les jambes sont fraîches, l'envie de courir est là et les derniers spectateurs nous encouragent devant leur maison avant d'aller se coucher (ou retourner picoler pour certains). Après quelques sentiers plutôt roulants, la première heure sonne déjà et j’en profite pour appliquer mon plan nutritionnel à la lettre : [0,5L de boisson d’effort + un gel ou une compote énergétique] par heure, soit 60g de glucides par heure. Les jambes sont bonnes, je suis content d’être içi et nous arrivons déjà au ravitaillement du 25ème kilomètre après 2h15 de course.

 

KM24 au KM40

Je profite de ce premier ravitaillement pour remplir mes 2 flasques de boisson énergétique et pour boire 2 verres de Sainte-Yorre. Je ferais cela sur chaque ravitaillement jusqu’à la fin.

Au départ de cette première portion nous sommes à mi-ascension de la première bosse et les bâtons sont déjà sortis depuis 5 km. Nous attaquons la partie annoncée par l’organisation comme exposée au vent et au froid. La pluie tombe déjà depuis 1h, des coureurs sont encore en manches courtes je ne sais pas comment ils font. Malgré les conditions j’ai de super sensations et je double déjà pas mal de coureurs partis un peu vite. Je suis toujours mieux dans les montées que dans les descentes, il n'y a aucun choc, l'effort est contrôlé et on peut laisser vagabonder notre esprit au milieu de la nuit. Au km30, nous nous retrouvons un petit groupe de 5-6, nous sommes sur les sommets de la région et les éléments se déchaînent. Changement d'ambiance. Le vent et la pluie nous fouettent le visage et ça devient difficile d’y voir quelque chose. J’ai l’impression d’éclairer seulement le rideau de pluie qui tombe devant mes yeux, nous attaquons la descente et je me concentre sur les appuis du coureur de devant. Le sentier ruisselle, on ne sait pas toujours où on met les pieds et quelques insultes fusent à travers les bourrasques. Plus nous descendons et plus le vent se calme. Nous arrivons enfin dans un petit village, on s’échange juste quelques "Putain c’était chaud” ou “On a pris chère”. La base du 40ème kilomètre pointe ensuite le bout de son nez avec ses bénévoles presque aussi rincés que nous.


KM40 au KM55

Je repars de ce ravitaillement express après 4h00 de course. La pluie alterne entre calme et intense mais au moins on est à l'abri du vent. Je suis encore très frais et ça me rend un peu euphorique. Nous remontons un peu et je continue à rattraper des coureurs un peu plus lents. Je n’ai pas trop de souvenirs de cette portion. Il est plus de 3 heures du matin et 2 kilomètres avant le prochain ravitaillement je rattrape Massimo, un Italien qui vit à Genève et qui parle Français mieux que certains de mes potes. Je ne le sais pas encore mais nous allons courir ensemble pendant plus de 6 heures. Bizarrement je vais plutôt le traîner dans les fortes pentes tandis qu'il va me servir de point d'accroche sur les faux plats montant où il faut se forcer à courir.


KM55 au KM72

Dernière portion avant la base vie. Presque 6 heures de course et je me sens toujours aussi frais d’un point de vue musculaire. D’un point de vue digestif tout va bien aussi si l’on met de côté le fait que je viens de vomir mes 2 verres de Sainte-Yorre. Ça m'a fait un bien fou, j’ai l’impression de revenir dans une soirée après avoir vomi discrètement dans le fond du jardin !

Je suis toujours dans les pas de Massimo, il pleut toujours et nous faisons rapidement connaissance. J'apprends qu’il a fini 28ème à l’UTMB en 2022 et 15ème à la Diagonale des Fous en 2023, il n’est pas dans un grand jour mais je ressens des ondes positives à l’idée de pouvoir évoluer avec un mec de ce niveau. Nous continuons d’enchaîner les montées et les descentes jusqu’à la base vie tant attendue, après 8h10 de course.


KM72 au KM100

La base n’est en fait qu’un préau en plein air. Je récupère mon sac de délestage, en profite pour changer de tee-shirt et faire le plein de gels. Un bénévole nous annonce 7ème et 8ème je ne m’attendais pas à être dans les 10 premiers ! Je ne sais pas pourquoi mais ce bénévole reste avec moi et se met gentiment en tête qu'il faut qu'il m'aide. Dans le fond c'est sympa mais pour la forme il faudra revenir. Plus les secondes passent et plus il m'engueule. Je suis un peu brouillon pour refaire le plein de mon sac en gels et compotes et il s'impatiente, il me met la pression, on dirait qu'il est pressé et qu'il a hâte que je parte pour passer à autre chose. Calme toi Bernard ! Je repars un peu après Massimo suite à un arrêt optimisé d’environ 6 minutes. Merci Bernard.

Il est 6h15 du matin et le jour se lève. Je coupe la frontale et je sais maintenant par expérience que c’est une nouvelle course qui commence. Les cuisses vont commencer à demander un peu plus de prudence dans les descentes et la collation à chaque heure va devenir de plus en plus difficile à avaler mais c’est le jeu et c’est pour ça qu’on signe !! 

Après 2 ou 3km je rattrape Massimo et nous continuons à évoluer ensemble. Au kilomètre 80, un coureur nous rattrape par l’arrière, c’est Samir, le gagnant de la course en 2022. Il a perdu une dizaine de minutes en se perdant et remonte petit à petit. Inconsciemment ou consciemment nous prenons son rythme et c’est à partir de là que je vais un peu exploser.

Après une petite heure à m'accrocher comme je peux je les laisse un peu partir, ils arrivent encore à relancer dans les faux plats montants et c’est un peu difficile pour moi. "Ciao Massimo"



KM100 au KM117

J’arrive à l’avant dernier gros ravitaillement où ma mère et ma sœur m’attendent avec de grands sourires, ça fait du bien de les voir après 12h de course dans une bulle. Je profite de leur présence mais repars après 2 ou 3 minutes d'arrêt, je m'en veux un peu pour elles de ne pas rester plus longtemps. La sortie du ravitaillement se fait sur une route quasi plate et j'ai du mal à relancer la machine, ça y’est, j’ai les cuisses fumées. Je viens de vivre une douzaine d'heure de course avec des sensations de facilité comme jamais je n'ai eu et je crois que la période de grâce touche à sa fin. Il va falloir passer à la caisse. Je me force à courir mais je peine. Je pense que je perd 5-6 places sur cette portion. Le mode pilote automatique est activé et je ne lève plus beaucoup la tête. Je commence à bien connaitre cet état là, je sais que ça peut rester comme ça jusqu'à la fin mais je sais aussi que je peux retrouver un second souffle et finir la course dans un état second comme ça m'est déjà arrivé. Je découpe mentalement la portion en 3 étapes de 6km. Après ces 3 étapes et un long chemin de croix, j'arrive enfin au dernier ravitaillement. 


KM117 au KM134

Ma stratégie nutritionnelle aura tenu jusqu’au bout, je rempli mes flasques pour la dernière fois, bois mes verres de Sainte-Yorre. Ma mère et ma sœur ont réussi à venir aussi sur ce ravito. Je repars en direction de l’arrivée après avoir souhaité bonne course à ma sœur qui part pour son premier trail de 18km à 14h30 !

Les 15 derniers kilomètres sont identiques aux 15 derniers kilomètres de chaque ultra que j’ai fait. C'est à dire que les quadriceps sont aux supplices mais pourtant il faut redescendre au Puy, que nous apercevons en contre-bas. Je retrouve un peu d'énergie et double un coureur qui titube. Je prie pour que la descente ne soit pas trop raide. Après de longues minutes qui s’étirent, le chemin sort enfin de la forêt et nous entrons dans la ville Sainte. La fatigue laisse petit à petit place à l’euphorie et au soulagement de fin de course. J’attaque enfin la dernière montée symbolique en direction de la cathédrale. J’entends le copain Arthur qui me crie dessus au sommet et je m’oblige à relancer en courant dans cette pente à 20% pour faire semblant qu’on est pas des randonneurs !

Après 2 ou 3 derniers virages ou je paye cette bêtise et manque de vomir, j’ai le plaisir de partager mon arrivée en compagnie de ma maman. Séquence émotion ! Je passe la ligne en 16ème position après 16h37 de course.



La Fin !


Ce week-end nous somme partis à 6 coureurs et nous avons tous réalisés une  performance à la hauteur de nos attentes : 

  • Ma sœur boucle son premier Trail de 18km en 2h07 et avec la manière !

  • Les copains Julien et Benoît réalisent tous les deux leur course la plus aboutie sur le 135km en déjouant les pronostics !

  • Le padre et mon oncle Luc s’offrent une seconde jeunesse et viennent à bout du 80km à un rythme de sénateurs !


Rendez vous dans 2 mois et demi pour la Grande Messe du Trail à Chamonix !!!

 
 
 

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